Dans les coulisses de la rénovation des véhicules blindés de la Gendarmerie
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Début novembre, les automobilistes voient passer des véhicules inhabituels sur les routes du département de l’Indre-et-Loire. Et plus particulièrement dans le secteur de Montlouis-sur-Loire, près de Tours, où est implantée la société Omat. Spécialisée dans la rénovation de matériels militaires, elle s’est vu confier par la Gendarmerie, la rénovation de deux véhicules blindés. Un VBRG et un VAB pour être exact. Ils effectuaient donc sur les routes, mais également des pistes dédiées, les derniers tests avant leur remise officielle à l’Institution.
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Les blindés de la Gendarmerie remis à neuf
Oubliez le terme “retrofit“. Ici, on préfère parler de valorisation et de modernisation. Voire même de reconstruction, puisque ça a littéralement été le cas pour ces deux véhicules. Plus qu’un simple coup de pinceau, c’est ainsi un véritable travail de remise à neuf qui a été effectué. Nouveaux moteurs, nouvelles boites de vitesse (dont une automatique pour le VAB), climatisation… les véhicules remis à la Gendarmerie mi-novembre ont l’air d’être flambant neufs. Les premiers modèles datent pourtant des années 1970. “C’est tout l’objectif de notre démarche, explique Stéphane Mathiaud, directeur général d’Omat. Nous avons fait du neuf à partir de l’ancien.”
Entièrement rénové et peint aux couleurs de la Gendarmerie, le VAB est à l’origine un véhicule de l’armée de l’Air. Le nouveau moteur du monstre qu’il embarque permet d’atteindre les 1.400 km d’autonomie. Avec ses onze tonnes à vide, il peut accueillir une dizaine de passagers. Pour plus de confort, de place et de sécurité, des sièges équipés de ceintures ont remplacé les traditionnelles banquettes à l’arrière de ce prototype. L’isolation thermique a par ailleurs fait l’objet d’un renforcement intégral. Les parois intérieures sont équipées de panneaux isolants. Ils évitent ainsi à la chaleur du moteur et de l’extérieur de se répandre dans l’habitacle et améliorent la performance de la climatisation.
Un VAB “maintien de l’ordre” inédit
Ajoutez à cela de nouveaux équipements, comme l’intégration sur le VAB d’une tourelle d’observation, comme il en existe déjà sur les VBRG, ainsi que des protections balistiques supplémentaires. Vous obtenez alors une version “maintien de l’ordre” quasi-inédite. D’autant qu’elle dispose également de la précieuse lame, si chère aux gendarmes. Un équipement qui pourra toutefois être en option ou amovible.
Autre avantage du VAB: la disponibilité des pièces de rechange. “Les armées se séparent petit à petit de leurs VAB, constate le patron d’Omat. Il s’agit souvent de véhicules destinés à la casse ou rendus obsolètes. Nous les reprenons pour en faire des véhicules presque neufs.” Car mis à part la carrosserie qui a multiplié les kilomètres, tout le reste a fait l’objet d’un remplacement. “Et encore, précise Thierry Cholet, le directeur technique, même la carrosserie a reçu un lifting.” Sablage, passage en après avec de l’anti-rouille, peinture, et même renforcement du blindage.
La renaissance du VBRG par la rénovation
Côté VBRG, les travaux sont également impressionnants. “Nous l’avons reçu après Notre-Dame-des-Landes, complètement détérioré, se souvient, photos à l’appui, Thierry Cholet. Seuls les quatre pneumatiques étaient neufs!” Comme pour le VAB, il a fallu désosser complètement l’engin, retravailler la carrosserie, la protéger et la repeindre. Il a reçu également un nouveau moteur, entièrement mécanique sur demande de la Gendarmerie, et différents ajouts, comme la climatisation, les panneaux d’isolation thermique et le renforcement de la protection balistique.
“Il s’agit là de deux prototypes. Nous les livrons en état de marche, prêts à être utilisés en opération.” Avant cela, ils vont néanmoins subir toute une batterie de tests par les techniciens du groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM). Basés à Satory, en région parisienne, ces experts vont évaluer les deux véhicules blindés, tant au niveau du roulage qu’au niveau des capacités tactiques (déblaiement de route, pousse de véhicules et de barricades…). Bref, tout le spectre des missions dévolues aux escadrons blindés de la Gendarmerie.
Si les VBRG sont davantage adaptés à la métropole, les VAB, eux, correspondent encore plus aux missions de la Gendarmerie en outre-mer. Près de la moitié de la flotte de la Gendarmerie pourrait donc traverser les océans pour rejoindre ces territoires.
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Deux sociétés au coude à coude pour la rénovation des blindés
Pour Omat, l’aventure de la rénovation de ces blindés a débuté en 2018. Après des premiers contacts avec la Gendarmerie, le VBRG leur est confié en octobre de la même année. Ce premier véhicule est ensuite rejoint début 2019 par des VAB, transmis par les armées à la Gendarmerie. Sur ses fonds propres, l’entreprise de Touraine va donc rénover ces véhicules pour les proposer à la Gendarmerie. “On espère qu’un marché viendra derrière, confie Stéphane Mathiaud. Le retrofit est une solution performante! Ces véhicules sont presque neufs. Ils ont devant eux une nouvelle durée de vie de 20 à 30 ans.”
Une autre société, le groupe Turgis & Gaillard, a également reçu une mission similaire. A l’issue de la phase d’expérimentation et de tests des véhicules rénovés qui débutent ce mois-ci, les deux sociétés pourraient se voir confier la rénovation à plus grande échelle de blindés au profit de la Gendarmerie. L’Arme dispose en effet d’une flotte d’environ 80 blindés dont une partie est hors d’usage. Elle pourrait par ailleurs récupérer des VAB que les armées délaissent progressivement au profit de véhicules plus modernes et adaptés aux opérations extérieures.
Profitant du plan de relance, la Gendarmerie a en effet prévu une large enveloppe dédiée au renouvellement de ces blindés. D’après les dernières auditions de son directeur général devant les parlementaires, l’Institution semble s’orienter vers une solution hybride. Elle comprendrait une part d’acquisition de véhicules neufs, et une autre part de rénovation de blindés expérimentés. Affaire à suivre.
Loïc Picard